DREAM TEAM BMW (1) (08/10/2007)

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Quelques BMW en course de côte !

Pas question de F1 ici, mais d’une discipline beaucoup plus modeste.

BMW a toujours offert à ses clients des modèles dont les qualités routières et les moteurs puissants offraient des facultés de développement en compétition. Je ne résiste donc pas au plaisir d’évoquer quelques machines bavaroises qui brillèrent dans le championnat de la montagne.

En 1977, je pilotais moi-même en course de côte une vaillante petite Golf GTI qui me permit de remporter quelques victoires de classe en groupe 1. Mais bien sûr, je regardais plus haut, vers des voitures plus puissantes, plus rapides, plus prestigieuses, plus chères aussi.

Naturellement, les BMW faisaient partie de mes rêves, comme de ceux d’un des copains qui me faisait l’assistance.

Une grosse groupe 1 aurait comblé mes désirs avoués. J’ai toujours adoré voir les 3 litres (ou plus) issues de modèle de série en découdre sur les routes étroites à flan de coteau. Je me rappelais du spectacle offert à Saint-Gouëno en 1975 par Guy Fréquelin au volant Du coupé 30 CSL rachetée à Pouteau, si ma mémoire est bonne. J’appréciais aussi les passages de Jacky Ravenel au volant de la Commodore GSE qu’il maîtrisait à la perfection dans un style à la fois généreux et efficace.

Deux ans plus tard, la 30 CSL devenait une version vieillissante. Mais pour les courses en circuit, BMW lui avait trouvé une remplaçante, la 530 IUS. Officiellement, cette version n’était pas importée en France. Son moteur de 2999 cm3 développait 240 ch DIN à 7000 t/mn. Un chiffre fantastique pour une groupe 1 ! Je me voyais déjà au haut de l’affiche du groupe l’année suivante avec un tel monstre rugissant à l’assaut des ascensions des routes de ma discipline préférée. Et pourquoi pas en rallye aussi ?

Le copain qui me faisait l’assistance envisageait de courir, lui-aussi. Da voiture de prédilection était la BMW 2002 groupe 2. Il s’imaginait volontiers aux commandes de cette machine qui exigeait un pilotage musclé. Il faut dire qu’une 2002 à l’attaque entre les mains de pilotes comme Evrard ou Elodic, ça avait de la gueule, et les vrombissements des moteurs grimpant dans les tours enchantaient les oreilles les plus musicales.

Nous étions jeunes et nous vivions dans le tourbillon des seventies où tout semblait possible. Nous ne doutions pas de trouver des sponsors qui nous aident à monter notre Dream team. Si ce n’était pas en 1978, ce serait en 1979, ou en 1980. Pas plus tard, nous arriverions à nos fins, c’était certain.

D’ailleurs, nous nous ne arrêterions pas à la course de côte. Les 24 Heures de Spa et les 24 Heures du Mans faisaient partie de nos projets. Le frisson de la ligne droite des Hunaudières nous attendait. Bientôt. C’était évident. Pas dans une Porsche 936 ni une Alpine A 442, tout de même. Je reconnaissais volontiers que Didier Pironi, mon pilote préféré, allait plus fort que moi. Mais je me voyais très bien dans une Porsche 934, ou alors un proto Lola ou Chevron 2 litres, ou pourquoi pas une BMW 30 CSL groupe 2, comme les frères Ravenel en 1976. Nous avons passé quantité de soirées à évoquer ces projets qui présentaient un avantage accessoire, celui de nous motiver dans nos autres activités.

La course automobile attirait beaucoup plus de jeunes pilotes qu’aujourd’hui à cette époque pourtant pas si lointaine. D’une part, nous vivions les derniers moments d’une période d’insouciance générale caractérisée par une forte croissance. Dans ce contexte, les sponsors étaient plus faciles à convaincre que dans les années qui suivirent. D’autre part, quelques voitures de série – au moins les modèles sortis de chez des constructeurs comme BMW ou Alfa Roméo - étaient encore conçus en fonction de critères privilégiant la performance et se souciant peu de la consommation. C’était l’époque où BMW axait sa publicité sur une photo d’un modèle équipé de sa fabuleuse calendre dans un rétroviseur avec un commentaire agressif : si vous voyez cette calendre dans votre rétro, laissez-vous doubler ou rendez vous chez un concessionnaire pour acheter une BMW. Alfa Roméo répliquait avec ses chevaux de feu et son fameux virus. Des choix de communication qui provoqueraient des infarctus chez les hommes politiques contemporains… Ces voitures étaient faciles à transformer en bêtes de course. Tel ne serait plus le cas de leurs descendantes bourrées d’électronique, transformées en machines aseptisées conçues pour transporter une petite famille à 130 kilomètres heure maximum sur les rubans autoroutiers dans le silence, le confort, et en consommant le moins de carburant possible. Conséquence immédiate, ces voitures robotisées coûtent beaucoup plus cher à préparer. Ensuite, les normes de sécurité exigées par les pouvoirs ont considérablement renchéri le coût des épreuves (en ce compris la facturation des forces de l’ordre et des pompiers présents aux manifestations). Résultat, le nombre d’épreuves s’est considérablement réduit. Enfin, la crise économique a recentré de nombreux pilotes sur leurs activités strictement professionnelles et des loisirs plus familiaux et moins coûteux.

A la fin des années 70, des tas de jeunes pilotes, comme nous, se voyaient un jour au Mans. Peu ont réalisé cette ambition. Les Gentlemen Drivers sont de plus en plus rares à ce niveau.

Nous n’avons pas monté notre Dream Team BMW, faute de moyens financiers. Un préparateur m’avait d’ailleurs déconseillé le choix de la 530 IUS à l’époque (chère, dure à obtenir en France sans le soutien d’une écurie renommée, incertitude sur l’homologation de rapports de pont et de boite adaptés à la course de côte…). Par contre, je roule en BMW au quotidien et je reste un amoureux inconditionnel de la marque allemande.

Nous étions jeunes. Nous ne savions pas frapper aux bonnes portes. Nous ne tardâmes pas à être accaparés par les contraintes de la vie quotidienne.

Je conserve cependant des souvenirs magnifiques de cette époque. D’ailleurs, devenu aujourd’hui chroniqueur, conseiller en communication et auteur d’ouvrages, je la fais régulièrement revivre dans des fictions. Parfois sur ce blog (*)sous forme de nouvelles (au sens littéraire du terme), mais aussi dans mes romans (*). Car si les histoires se déroulent à l’époque contemporaine, des flash-backs ramènent le lecteur à cette période enthousiasmante. La nostalgie offre des charmes incomparables. Mon prochain roman se déroulera d’ailleurs à une époque encore un peu antérieure, celle des sixties !

(*) cf notamment les archives de juillet et d’août derniers

(**) Notamment Circuit Mortel à Lohéac, Faits d’enfer à Carnac, Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans (parus chez Astoure, éditeur diffusé par Breizh)

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