LA FIA FLINGUE FERRARI (24/09/2007)

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Les vrais perdants du Stepney Gate, ce sont la Scuderia et ses pilotes, trahis par la FIA et vilipendés par les Adorateurs d’Alonso sur le Net

Stupéfaction dans l’affaire McLaren – Ferrari ! La FIA a bien mis en ligne la retranscription des audiences du 13 septembre. Avec un luxe de détails de surcroît ! Notamment le système de freinage très efficace de la Ferrari avec ses deux maîtres cylindres à l’arrière, reliés par un ressort afin de retarder la décélération. Ce faisant, la FIA rend publiques quelques précieux secrets de Ferrari. Les autres patrons d’écuries se frottent les mains.

La divulgation pourrait passer pour accidentelle, la mise en ligne et l’envoi à la presse d’un document non protégé dont certains passages auraient dû être masqués. Simple négligence ou vengeance sournoise contre une écurie – la Scuderia - qui a maintenu son action alors que les hommes forts du F1 – show faisaient pression pour qu’un arrangement intervienne entre les écuries rivales ? Cette allusion à la pression provient d’un article d’Anne Giuntini, la plus grands supportrice d’Alonso dans la presse écrite, une femme qui ne saurait être suspectée de favoriser Ferrari dans ses commentaires. Chacun se fera son opinion sur les buts poursuivis par la FIA…

Dans un précédent article « Pour comprendre la décision du Conseil mondial » (cf. les archives récentes du blog) , j’exposais comment la FIA avait inventé une notion juridique, la culpabilité sans responsabilité, pour sauver McLaren au mois de juillet dernier. J’expliquais aussi à quel point la décision du 13 septembre était clémente envers McLaren et ses pilotes, tout au moins Alonso et De La Rosa.

Les derniers événements viennent conforter cette thèse.

D’abord, McLaren ne fait pas appel. Le conseil d’administration ne considère pas la firme comme innocente. Sinon, il aurait tout fait pour ne pas supporter la sanction financière des 100 M$ prise à son encontre. Mais Ron et ses associés ont pris conscience du risque d’un appel et compris l’authentique miracle qui protégeait ses pilotes espagnols et l’écurie. Car victime des agissements de deux pilotes et d’un ingénieur indélicats, McLaren échappe au pire, l’interdiction de courir. Je reste persuadé que Ron Dennis fut lui-même victime des agissements de ses employés de luxe. Plusieurs décennies de probité ne s’oublient pas aussi facilement. Ron a déjà affronté des situations de concurrence aussi fortes qu’en 2007 sans franchir la ligne jaune. Pourquoi l’aurait-il fait en cette année ? Ce n’est pas crédible. Mais il sait qu’un patron est responsable des malversations commises par ses employés dans l’exercice de leurs fonctions et il estime lui-même la décision du Conseil mondial bien peu sévère.

D’autre part, la Cour d’Arbitrage Américaine a rendu une décision contre un autre sportif de haut niveau la semaine dernière. Ici, pas de méthodes parallèles à celles utilisées avec les mafieux repentis. Pas d’immunité a priori pour les tricheurs. L’Américain Landis a été formellement déchu de son titre de vainqueur de La Grande Boucle 2006 et suspendu pour deux ans. Deux ans ! la fin d’une carrière.

Quelle différence avec le sort réservé à Alonso et De La Rosa !

Par le passé, de jeunes pilotes amateurs furent suspendus six mois pour avoir fumé du cannabis. Pas les jours de course, mais simplement parce qu’il restait quelques traces montrant qu’ils avaient fumé un joint plusieurs jours auparavant. Ils n’en avaient tiré aucun bénéfice dans la pratique de leur sport et payèrent au prix fort des erreurs de jeunesse commises dans l’euphorie d’une soirée festive.

Ils ne suscitaient pas de phénomène quasi-religieux autour d’eux, il est vrai. La foudre s’abattit donc sur eux.

<Dans la McLo Benz,
Le temps passe…


Alonso peut rouler tranquille. Sa chance légendaire ne l’abandonne pas. Sur le net, ses fans lui crient toujours leur amour, que dis-je leur immense foi en lui. Pire, les évangélistes les plus dévoués à sa cause oublient toute décence au point d’oser critiquer Ferrari. Empêcheuse de tricher en rond, la Scuderia commit, il est vrai, un grand crime de lèse-SAS et mérite d’être brûlée publiquement sur le bûcher des adorateurs d’un adversaire.

Pendant ce temps qui passe dans la McLo-Benz, une question essentielle passe totalement inaperçue. Un sportif de haut niveau a-t-il le droit de tricher impunément ?

De la réponse à cette question dépend la morale de notre société. La FIA apporte un premier élément de réponse. Elle se prononce pour l’affirmative en ce qui concerne deux pilotes. Que décideront le public et les patrons d’écuries ?

Pour l’heure, convaincu d’avoir sciemment triché en utilisant des informations obtenues illégalement, Alonso garde tous ses points au championnat des pilotes. Et comme le patron des Gris, Ron Dennis est un homme d’une intégrité remarquable – n’oublions pas que rien, absolument rien, n’a été prouvé contre Ron Dennis et Lewis Hamilton - , il procurera au pilote espagnol un matériel parfait jusqu’à la fin de la saison.

La réalité dépasse parfois la fiction. Qui osera encore prétendre que le crime ne paye pas ?

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La course automobile nous offre des scénarii pleins de suspense. Les enjeux financiers comme les stratégies les plus sauvages y jouent un rôle considérable.

Vous aimez les émotions que procure la course automobile et vous souhaitez les retrouver dans des fictions ?

C’est possible, découvrez les nouvelles et romans rédigés par Thierry Le Bras qui mettent en scène l’avocat –pilote David Sarel :
- des nouvelles (fictions courtes) sont en ligne dans les archives de ce blog ;
- les romans, pour l’instant « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » ont été édités par les Éditions Astoure (diffusées par Breizh).

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